Juniors vs seniors au travail : comprendre les tensions pour les dépasser

Les relations intergénérationnelles seraient une source d’échanges et de connaissances pour 87 % des actifs interrogés par Ouest France en 2024… Reste que pour près d’un jeune sur 2 et 1 senior sur 4, travailler avec des profils d’une autre génération que la sienne complexifie le quotidien professionnel, jusqu’au conflit parfois.

Quelle place pour les seniors sur le marché du travail ?

En 2021, le taux d’emploi des plus de 55 ans était de 56,2 %, bien en deçà des taux allemand (71,8 %) ou suédois (76,9 %). Chez les ouvriers peu qualifiés, le taux de départ précoce, c’est-à-dire de fin d’activité professionnelle sans transition directe vers la retraite, atteint 46 %. Différents dispositifs ont été mis en place pour faciliter le maintien des seniors dans l’emploi mais un travail reste à engager au niveau des perceptions. Les stéréotypes ont en effet la vie dure : réputés chers, peu adaptables, moins performants et réfractaires à la technologie, les seniors ne sont pas toujours appréciés à leur juste valeur. Parfois confrontés à des discriminations liées à l’âge, certains d’entre eux voient leur estime d’eux-même décliner au cours de leur carrière. Une expérience qui complique d’autant plus le retour vers l’emploi en cas de perte et explique en partie que 15 % de seniors soient classés NER (ni emploi ni retraite).

Quelle place pour les juniors en entreprise ?

La situation n’est pas forcément plus confortable pour la jeunesse. Elle aussi victime de “mythes négatifs” (paresseux, peu investis, enfants roi, etc.), elle peine à trouver du travail et à s’épanouir dans des environnements professionnels qui tiennent peu compte de leur rapport au temps, à l’autre et à l’engagement. Trop souvent encore, le nombre d’années d’expérience est considéré comme une garantie de professionnalisme, ce qui n’éclaire pas les perspectives de cette génération qui a déjà à 83 % le sentiment de vivre une époque de malchance (contre 47 % en 1999 par exemple).

Comment cohabiter dans le même open space ?

Mais plus qu’une véritable “rupture rationnelle de conviction” entre générations, le travail d’enquête mené par l’association Youth Forever semble indiquer que la fracture est plutôt affective et liée au manque d’interactions. Sa directrice générale Jasmine Manet commente « Globalement, il y a peu d’espace dans la société où on va vraiment interagir (entre générations), si ce n’est en famille ou au travail. » Charge donc à l’entreprise de favoriser le dialogue et peut-être l’émergence d’un nouveau pacte intergénérationnel ?

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