Incertitudes : place aux bénéfices du doute
Le doute est un sentiment qui a mauvaise presse. Mais l’époque étant à l’acceptation des émotions, même négatives, il est peut-être temps de poser un regard différent sur ce ressenti.
Le doute comme expérience humaine
Aujourd’hui encore, le monde de l’entreprise, et en particulier celui de l’entrepreneuriat, encourage davantage à lutter contre le syndrome de l’imposteur plutôt qu’à cultiver un doute sain. C’est ce que regrette Sandra Fillaudeau dans cet article pour Welcome to the Jungle. Elle y dénonce la confusion courante entre confiance et surconfiance. Poussée à l’extrême, cette dernière conduit à un aveuglement et à une rigidité qui ne présagent rien de bon.
Dans un environnement incertain, le doute se positionne ainsi comme une compétence clé. C’est un point de vue que revendique également l’ancienne patineuse artistique Nathalie Péchalat, qui raconte avoir apprivoisé ce sentiment longtemps mis sous le tapis pour coller à une confiance en soi en façade, courante dans le milieu du sport de haut niveau. De son côté, l’hôte du podcast Happy Work, Gaël Chatelain-Berry, a consacré un épisode à la gestion des doutes au travail : l’occasion de rappeler que le plus important est d’arriver à adopter une posture bienveillante envers soi-même et de cultiver l’introspection et la pratique du feedback.
Alors certes, certains discours actuels valorisent l’échec, mais souvent pour mieux montrer en creux une réussite ultérieure. Une tendance qui pousse le docteur en neurosciences et psychologue clinicien Albert Moukheiber a nous mettre en garde : romantiser ses échecs, pourquoi pas, mais pas tous !
L’entreprise face à l’incertitude
Au-delà du doute propre à l’individu, les incertitudes de la vie professionnelle proviennent aussi de facteurs extérieurs : l’économie se contractera-t-elle dans 6 mois, ferons-nous face à une nouvelle pandémie, les effets du réchauffement climatique se mettront-ils en travers de notre plan à 5 ans ? Autant de questions qui expliquent que 54 % des salariés affirment que l’incertitude a nui à leur performance au travail. Charge donc aux entreprises d’aider leur personnel à naviguer dans ce contexte délicat à appréhender sereinement.
Qu’il s’agisse de composer avec le changement perpétuel ou d’améliorer le bien-être de leurs salariés, les entreprises doivent se saisir de la question du doute. Ne serait-ce qu’au sein de la fonction RH, cette notion doit prendre sa place pour renforcer la cohésion et la vision commune.
Si le doute est souvent un levier de stabilisation avant de relancer la croissance, il peut aussi conduire à repenser leur modèle et à voir le doute comme un outil d’anticipation et de planification flexible. À moindre échelle, chaque entreprise peut déjà essayer de faire évoluer sa culture pour mieux intégrer les notions de doute, d’échec et d’incertitude, pourquoi pas en repensant certains de ses processus pour capitaliser sur les apprentissages collectifs comme ici.
En définitive, les entreprises ont tout intérêt à intégrer le doute à leur culture pour mieux faire face aux défis contemporains.
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