Architecture et Design : une complémentarité à célébrer

À l’occasion de la livraison des derniers chantiers Capital 8, l’architecte Luc Poux (agence Naud & Poux) revient sur l’aventure hors norme qu’a constituée ce projet-manifeste pour une ville durable, accompagné de la designeuse d’intérieur Jordane Arrivetz (agence Jordane Arrivetz).

Pouvez-vous nous rappeler quels ont été votre périmètre d’intervention et votre ambition pour Capital 8 ?

Luc Poux — « Notre agence a suivi ce projet depuis son origine. Notre rôle d’architecte mandataire d’une équipe pluridisciplinaire de conception et de réalisation dans ce type d’opération complexe est à la fois central et transverse. Nous avons supervisé le projet dans son ensemble et géré la préparation, les études, l’organisation générale des travaux, les relations avec les résidents et les riverains, les autorisations administratives complexes, etc. Et dans le cadre de l’’aménagement intérieur du hall et de Capital Market, nous avons également réalisé le projet conçu par Jordane Arrivetz.

Jordane Arrivetz — « En effet, l’agence Jordane Arrivetz a fourni un énorme travail de dessins sur mesure pour projeter notre vision pour le lobby et Capital Market : une vraie expérience sensorielle afin que les occupants se les approprient. Notre ambition commune était de créer une identité forte et pérenne en mêlant bien-être et hospitalité »

Luc Poux — « Capital 8 est déjà une référence incontournable d’adaptation des constructions confrontées au défi climatique grâce à sa dernière mue de 2006. Avec cette nouvelle campagne de travaux, elle est devenue un projet manifeste de frugalité où le temps reprend ses droits. Notre ambition n’était pas de finaliser le projet complet en 2025 mais de mettre Capital 8 sur la voie de la résilience ces cinquante prochaines années. »
Jordane Arrivetz — « Un nouveau souffle qui devrait porter l’actif pour longtemps ! »

À l’approche de la fin des livraisons, quel regard portez-vous sur le projet ?

Luc Poux — « C’est un pari réussi, car les principaux enjeux et engagements ont été tenus et la réalisation est tout à fait conforme à la conception. Pour les architectes que nous sommes, c’est une source de grande satisfaction. Ce projet ouvre la voie à de nouvelles méthodes qui deviendront de plus en plus courantes à mesure que le secteur se concentrera sur la rénovation et la réhabilitation. Nous avons pris le temps de la réflexion pour intervenir de façon plus précise et sporadique sans avoir à vider l’immeuble. »

Jordane Arrivetz — « Nous sommes très contents du chemin parcouru, car cela correspond vraiment à une nouvelle façon d’imaginer les espaces. C’était un projet ambitieux dès le début et c’est un réel plaisir d’y contribuer à notre niveau et de le voir prendre vie aujourd’hui ».

Le cahier des charges a-t-il évolué en cours de route ?

Luc Poux — « Le cahier des charges général du projet, constitué de 4 volets, n’a pas évolué pendant la phase exécution, car les études plutôt longues organisées avant le démarrage des travaux avaient permis d’imaginer et de figer un programme réalisable en site occupé. L’ampleur du projet Capital 8 dépasse le cadre de l’architecture, c’était un véritable défi organisationnel. Heureusement, le dialogue a été suffisamment ouvert pour que tous les protagonistes expriment leurs idées. Ce travail collaboratif a produit un grand nombre de projets, de faisabilités, d’esquisses dont une partie seulement a été développée jusqu’au stade du projet définitif. Ce temps alloué par le Maître d’Ouvrage à la réflexion et aux études a été déterminant pour la réussite d’un projet aussi ambitieux. »

Jordane Arrivetz — « Le résultat est très fidèle aux images 3D, car nous avions opté pour une échelle de dessin précise. »

Comment imaginez-vous Capital 8 dans 10 ans ?

Jordane Arrivetz  — « Grâce au soin que nous avons apporté aux formes et aux matériaux, l’esthétique du lobby et du restaurant d’entreprise Capital 8 sont armés pour durer. Nous espérons que leur programmation artistique et la dynamique communautaire les élèveront au rang de hub d’innovation et qu’ils deviendront des lieux de référence, vivants et inspirants. »

Luc Poux — « Capital 8 constitue pour nous un projet philosophique manifeste de la ville durable : en 2006 déjà, nous avions conçu un projet ouvert sur son quartier. En 2025, nous avons poursuivi ce travail avec l’ouverture de la deuxième entrée rue Murat, ce qui fait que l’ensemble immobilier offre désormais une vraie porosité urbaine. Dans la logique du réemploi, les projets se superposent les uns sur les autres et l’on imagine assez bien d’ici 25 ans pouvoir entreprendre une nouvelle phase de travaux. Chaque couche se superpose à la précédente par sédimentation de culture et de valeur d’usage; les usages du quotidien s’adaptent toujours avec peu d’impacts environnementaux. »

Que signifie pour vous la notion de célébration en lien avec Capital 8 ?

Jordane Arrivetz — « Il est important de reconnaître le travail collectif et la créativité nécessaires pour transformer une idée en réalité. Pour cela, il faut prendre le temps, dans un monde qui s’accélère, de regarder le chemin parcouru. En proposant des temps lors desquels les gens peuvent échanger de façon informelle, on renforce le lien derrière le projet. C’est d’ailleurs l’idée qui soutient l’aménagement de l’accueil de Capital 8 : proposer des espaces où développer des rapports différents, où entretenir des conversations nouvelles, où sortir de son contexte initial, tout simplement. C’est ce que j’aime avec nos projets, quand nous créons en commun tout en venant de milieux et d’expériences diverses. Célébrer ensemble, c’est une façon de se remercier mutuellement pour le travail accompli. »

Luc Poux — «  L’aventure de Capital 8 a nécessité le recours d’un nombre considérable de conseils, de partenaires, de collaborateurs, etc. L’inauguration du projet réalisé est avant tout une manière de dire merci à toutes et tous. L’énergie et l’engagement de chacun s’est finalement sédimenté dans ce projet qui porte désormais leur marque de fabrique ; chacun d’entre nous apporte une pierre à l’édifice de ce patrimoine culturel commun. Cette célébration est donc l’aboutissement de cinq années d’expériences partagées, d’échanges multiformes et de prospectives ambitieuses. Espérons que la ville durable nous en saura gré. »